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Focus – Saïd Skouma sous toutes ses coutures

« Tu es un boxeur élégant. » Septuple Champion d’Europe, vice-champion du monde des Super Welter, la figure de Saïd Skouma attire autant qu’elle intrigue. Ce samedi 14 octobre, le boxeur s’invite au festival Haizebegi, et se livre aux regards.

Saïd Skouma raconte Saïd Skouma

Au seul son de sa voix, le boxeur se révèle. À travers le documentaire sonore de l’ethnologue et réalisateur Michel Tabet, l’ancien athlète prend vie. Dans une intimité renforcée et une certaine douceur émouvante, il se donne à entendre. Le cinéma y est dépourvu de son image, une image envahissante selon le réalisateur, qui l’économise pour réhausser le sens de la parole.

Au festival Haizebegi 2023, Saïd Skouma regarde le Saïd “Freddy” Skouma qu’il était en 1987 – photo Yona Bernadas

Entre le grésillement des amplis, les portes qui claquent, Saïd Skouma conte sa vie, dépeint son Maroc, la mort de sa grand-mère, ses souvenirs et combats. Une phrase revient, scandée répétitivement : « Tu seras le berger de ta liberté. » Parole d’évangile, qui guide son chemin, un jour prononcée par son entraîneur. 

La boxe y est autre. Dépouillée de toute violence, Saïd Skouma la décrit comme une danse sur des airs de jazz. Une lecture d’extraits de son livre, Le Corps du Boxeur (Pauvert, 2001), achève ce documentaire. Il transporte l’auditoire dans le Maroc de ses souvenirs, un Maroc empli de sons et parfums, d’images poétiques, qui en font même pleurer un auditeur.

Émotion et transmission

La hâte. C’est le sentiment qu’il exprime depuis le début du festival, et que l’on retrouve sur le ring. Quand, sur la scène de la cérémonie d’ouverture de la 10ème Édition du Festival Haizebegi, le directeur Denis Laborde interrogeait Saïd Skouma, c’était déjà la hâte qui l’emportait. Hâte que le festival batte son plein, qu’il présente son nouveau livre.

Saïd Skouma contre Drayton dans l’Équipe

C’est cette même émotion qu’il exprime, commentant ses exploits lors de la projection de son combat au championnat du monde 1987, que son entraineur, jetant l’éponge, ne le laissera pas terminer. Quand le compte à rebours est lancé trois heures avant le championnat, Saïd Skouma ne semble pas succomber à l’angoisse : « À ce moment-là, j’ai hâte que ça commence ! » affirme-t-il.

Retour sur la défaite d’un champion

En Mars 1987, Saïd Skouma et Buster Drayton se disputent le titre de champion du monde. Commentateur, Saïd Skouma nous donne à voir les dessous du combat. Lorsque Michel Tablet l’interroge sur la célébrité, ses passages sur les plateaux télévision, il va droit au but, incisif : « Tout le monde t’aime, mais tout le monde t’encule quoi ! » En tant qu’athlète de haut niveau, il faut se méfier, il faut savoir à qui faire confiance. Voilà les leçons que l’on tire du septuple champion d’Europe.

Saïd Skouma commente le film de son combat de 1987 – photo Yona Bernadas

Inoubliable, ce combat n’aura pas seulement marqué le public, comme le révèle la kinésithérapeute de Saïd Skouma. Invitée surprise du festival, elle revient sur les paroles du boxeur Buster Drayton, qui affirmait au lendemain du combat que Saïd Skouma était celui qui lui avait laissé le plus de séquelles physiques. Un champion qui marque.

Yona Bernadas et Jérémy Casaux