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Haizebegi #8

La 8e édition du festival Haizebegi se tiendra à Bayonne du 7 au 17 octobre 2021. Concerts, films, rencontres, colloques, ateliers, stages, Haizebegi fait de la musique un outil de résilience.
Hasam est fils de berger. Dans les hauteurs de l’Afghanistan, son père lui a transmis la tradition du tambûr, un luth à long manche et deux cordes que l’on trouve en Asie centrale et en Iran depuis le Xe siècle au moins. Quand il joue, Hasam démultiplie les cordes, les vrille et les fait résonner au plus profond de chacun d’entre nous. Hasam a grandi au son du tambûr et de ses chants. Ce qui est arrivé, il le raconte au maître. C’était il y a 8 ans.
Hasam a rendu visite à son père dans la montagne. 
Sur le chemin du retour, il dévale la pente, tambûr en bandoulière, et monte dans l’autobus. Quelques kilomètres plus loin, les talibans stoppent le bus, le contrôlent, trouvent l’instrument. À qui est-il ? Silence. Qui joue de la musique ? Silence. Furieux, ils détruisent l’instrument, puis ils choisissent deux passagers : Hasam et le chauffeur du bus. Et ils frappent doigt après doigt, ils cassent les phalanges distales, et les ongles.
Hasam fuit par le sud-ouest, remonte l’Iran, entre en Turquie, descend vers la Méditerranée, gagne Athènes, se retrouve, désemparé, sur la Place Victoria, jusqu’à ce que vienne le temps des administrations, le temps des preuves. Puis l’asile. 
Nous sommes maintenant dans l’été 2021. 
À Cologne, Hasam rencontre le grand maître de la musique afghane, Daud Khan Sadozai, disciple d’Ustad Mohammad Omar, « le Sultan du Rubab ». Hasam est impressionné : « Je suis en présence d’un mythe ». Daud Khan Sadozai sourit.  Ils évoquent Kaboul, les quartiers, la vie et cette grande famille de luthiers : 400 ans de savoir-faire. C’est là qu’ils ont acheté leurs instruments tous les deux. Hasam n’en revient pas. Il montre ses doigts déformés, explique qu’il est empêché.   Le maître lui commande d’en faire une ressource pour inventer son propre art. 
Daud Khan Sadozai, est arrivé en Europe en 1996, peu avant que les talibans fassent exploser les bouddhas de Bâmiyân, trois statues monumentales, excavées dans la paroi d’une falaise de la vallée de Bâmiyân, 2 500 mètres d’altitude au nord de Kaboul. C’était en 2001. C’est ici que l’artiste Pascal Convert a installé son atelier pour réaliser à l’occasion du quinzième anniversaire de la destruction des Bouddhas géants ce Panoramique de la Falaise de Bamiyan acquis par le Centre National des Arts Plastiques (2020) et exposé à la fois dans la galerie du Temps au Louvre Lens (2021-2024) et au Musée Guimet(2018-2022). P. Convert nous fait l’amitié de sa présence, il présentera son film Les Enfants de Bâmiyân. Qu’il soit ici remercié d’avoir offert à Haizebegi la photo qui fait l’affiche de cette édition.
Le 25 août, Zabihullah Mujahid, porte-parole des talibans et président de la Commission culturelle afghane, expliquait au New York Times pourquoi les écoles de musique ont été fermées et les magasins de musique détruits : 
« La musique est interdite par l’Islam, mais nous espérons convaincre les Afghans de ne pas faire ces choses, plutôt que de les forcer. »
Et c’est ainsi qu’en raison de cette invraisemblable distorsion des textes et de l’histoire, au mépris des traditions les plus sublimes et de la richesse infinie du patrimoine musical des musiques d’Islam, c’est aujourd’hui dans l’exil, à Cologne, que se transmettent les traditions musicales séculaires d’Afghanistan. Et à Bayonne.

Shamshad, elle aussi, a été poussée sur les routes de l’exil, seule avec ses enfants. Au CADA de Bayonne, elle demande asile. Vous l’entendrez le 8 et 13 octobre dans le film TRACES 1 – AZTARNAK 1, dans un chant venu des hauteurs de l’Afghanistan aux côtés de Sulaiman (Tchad) qui psalmodie, et de Yousif (Soudan) qui implore la paix.  TRACES est un programme de créations que Haizebegi lance avec l’appui de la DRAC Nouvelle Aquitaine : TRACES, ce que chacun laisse derrière soi pour avancer dans la vie.  TRACES 2 sera ensuite donné en clôture du festival dans cette journée qu’avec l’Euskal Barrockensemble, les habitants de la Cité Breuer et Brian Currin, nous dédions aux 10 ans de la Conférence d’Aiete qui marquent le désir de paix en Pays Basque. L’art peut-il être un outil de réconciliation ? 
Dans la grande diversité des propositions artistiques de cette édition, vous pourrez assister  à la journée Rap du 15 octobre, au concert malgache d’Erick Manana & Jenny Fuhr,  à la création à haut degré de maîtrise technologique de Walking Down the Street, avec Lina Rahal en vertigineux solos de danse Hip-Hop, puis au spectacle indonésien Kraton de Lutfi Jakfar, Kadek Puspasari et Ronnie Lynn Patterson

Mais surout  la journée MusiKautisme vous permettra de rencontrer Hélène Nicolas, dite Babouillec diagnostiquée  « déficitaire à 80 % ». Babouillec n’a jamais appris à lire,  à écrire, à parler. Pourtant, avec des lettres en carton elle composa son Algorythme éponyme qui fut créé au Festival d’Avignon en 2015. « Je suis Babouillec très déclarée sans parole. Seule enfermée dans l’alcôve systémique, nourricière souterraine de la lassitude du silence, j’ai cassé les limites muettes et mon cerveau a décodé votre parole symbolique : l’écriture ».

Et pour les 10 ans de la Conférence d’Aiete, la musique médiévale de l’Euskal Barrockensemble (Enrike Solinis) sonnera dans la Cité des Arts. 
Il sera rejoint par les percussions colombiennes des élèves du Collège Camus, par les habitants de la Cité Breuer, par Mohamed et Abdellah Boujalal descendu de The Voice, et par les breakdancers de Tony Le Guilly. Ensemble, ils célèbreront la figure féminine de Subh, l’esclave basque qui gouverna Al Andalus. La musique est instrument de résilience.

L’équipe de Haizebegi vous souhaite de belles rencontres.

Denis Laborde

Directeur artistique, Festival Haizebegi

L’édition 2021 de Haizebegi est organisée avec l’Université franco-allemande (Sarrebruck) et l’Université d’automne « Anthropologie de l’émotion » de l’Institut ARI et du Max Planck Institut für Bildungsforschung de Berlin.