Mercredi 9 octobre 2024 — * Participant à l’inauguration du Centre basque de Djúpavík, les étudiants de l’EHESS livrent leurs impressions * Écoutez le podcast France Culture “En Islande, les gens du volcan Eyjafjöll”.
Voyage à Djúpavík
En juin 2024, Pietro Calabretta, Ortzi Laborde, Mathilde Morin, Valentine Salazard-Sgambato et Alicia Vogt étaient invités à prendre part à l’inauguration du Centre basque de Djúpavík. Ils livrent leurs impressions de voyage.
Nous laissons nos chaussures mouillées à l’entrée. Un homme grand et magnanime nous guide dans la maison rouge que sa famille a louée aux voisins, en guise d’extension de l’hôtel déjà saturé par les visiteurs étrangers. Il fait 5 degrés, pas plus, à Djúpavík, où nous séjournons du 5 au 9 juin 2024. Le paysage est pittoresque : une cascade s’écoule le long d’une falaise vers une usine imposante bien que désaffectée et quelques maisons éparses.
Nous sommes cinq ethnographes sur les traces de pêcheurs de baleines basques dans le cadre du programme de recherche international Jules Verne. Dans les fjords de l’Ouest islandais, nous tâchons d’observer ce qui se joue lors de l’ouverture d’une exposition dédiée à la chasse à la baleine des Basques en mer d’Islande.
Là-bas, nous découvrons que des amis nous attendent. Ils nous garantissent que, cette fois-ci, « nous les Basques » sommes à l’abri, même si la tempête en cours évoque (vraiment ?) celle qui avait fait couler le bateau des pêcheurs, massacrés ensuite en 1615 dans « le fjord d’à côté ». C’est pour s’occuper de cette « tache noire » de l’histoire locale que l’Association des Amis Basques d’Islande (Baskavinafélagið á Íslandí) est née en 2012.
Dans le cadre d’un projet financé par l’UE, la famille propriétaire de l’Hótel Djúpavík rencontre les associations basques d’Albaola (Pasaia) et d’Haizebegi (Bayonne) pour co-créer le Baskasetur – ou Centre basque – dans la plus grande usine islandaise de hareng d’exportation, active de 1935 à 1955 et aujourd’hui au centre des projets d’avenir d’un village fantôme.
Dans la salle à manger de l’hôtel, des ambassadeurs aux serveuses, des marins aux universitaires, tout le monde dévoile les pulls en laine plus ou moins islandais après avoir enlevé les manteaux d’hiver. Si on ferme les yeux, on entend parler islandais, anglais, basque, espagnol, français, italien, allemand : superstition, business, généalogie, archéologie, marché immobilier, foncier, route (la seule !), politiques gouvernementales, art, pêche, tourisme, isolement, charpente, autonomie territoriale, patrimoine, mémoire collective…
Au cours des conférences, des visites guidées et des ateliers auxquels nous participons, se fabrique une connexion basco-islandaise, que nous avons voulu interroger par des entretiens. Pourquoi le massacre des Basques – qui a été suivi d’une loi autorisant « la mise à mort de tous les Biscayens qui pénètrent dans les fjords de l’Ouest » abrogée seulement en 2015 – fait-il couler autant d’encre aujourd’hui ? Les questions de culpabilité et de résilience qui y sont liées peuvent faire réfléchir à des problématiques actuelles, qu’il s’agisse de l’exploitation des ressources, des politiques migratoires restrictives, des replis identitaires ou encore des génocides de l’histoire.
Quels seront les sujets déterminants dans la poursuite de la construction du Centre basque ? À suivre…
Pietro Calabretta, Ortzi Laborde, Mathilde Morin, Valentine Salazard-Sgambato, Alicia Vogt
Voyage vers le volcan Eyjafjöll
Pour continuer notre voyage, aller plus loin vers ces volcans qui seront présentés dans le film documentaire de Herlé Jouon Islande, la quête des origines, au programme de Haizebegi, voici un moment d’écoute captivant et instructif : le podcast France Culture : En Islande, les gens du volcan Eyjafjöll
